Première partie
Patricia Kopatchinskaja, violon
Anthony Romaniuk, clavecin
Laurence Dreyfus, viole de gambe
Bohuslav Martinů (1890-1959)
Rhythmische Etüden H 202
VI Jazzrhythmus: Allegro moderato
Jorge Sánchez Chiong (1969)
Crin
Bohuslav Martinů (1890-1959)
Rhythmische Etüden H 202
VII mit Pausen: Allegretto
Heinz Holliger (1939)
Das kleine Irgendwas
Giovanni Antonio Pandolfi Mealli (ca. 1620-1669)
Sonate «La Melana»
Orlando Gibbons (1583-1625)
Fantasias
Matthew Locke (ca. 1621-1677)
Broken Consort Suite Nr. 1 g-Moll
Broken Consort Suite Nr. 2 G-Dur
Enregistré le 18 août 2016 à Lauenen
Que celui ou celle qui doute du caractère vivant – spontané, imprévisible – de l’interprétation musicale vienne assister à un concert de Patricia Kopatchinskaja! De l’extrême pointe de son archet jusqu’au bout de ses pieds nus, la violoniste moldave respire la vitalité. Pas étonnant dès lors qu’elle cultive le dialogue entre les musiques du passé et celles encore à écrire, qu’elle suscite auprès de créateurs qui ne peuvent rêver am- bassadrice plus enflammée. Le Vénézuélien Jorge Sánchez-Chiong est de ceux-ci, qui lui taille sur mesure en 1996–1997 son Crin pour violon seul, une pièce écrite en étroit dialogue avec elle sur la base d’un «hymne à l’expression» du poète José Julián Martí, chantre de la libération cubaine, baptisé Crin hirsuta, littéralement «crin de cheval» – celui-là même que l’on utilise pour les archets.
Plus proche de nous – en 2013 – Patricia Kopatchinskaja a également titillé la créativité du plus célèbre compositeur suisse vivant, le Bernois Heinz Holliger, qui compose pour elle Das kleine Irgendwas sur la base d’une «petite histoire d’Alice» – la fille de Patricia! – que l’interprète violoniste doit également chanter; la création a eu lieu le 15 mars 2014 à l’Alte Oper de Francfort, en guise de point final au festival «Perspektive Schumann».
Musicien et théoricien anglais (il est l’auteur d’un important traité baptisé Melothesia), Matthew Locke travaille au service du Roi Charles II (comme compositeur) et de sa chapelle (comme organiste). Ami de Henry Purcell – dont il est considéré comme le mentor – il s’illustre notamment dans le domaine du théâtre musi- cal, qui connaîtra son apogée à Londres un demi-siècle après sa disparition sous l’impulsion de Haendel. Il participe en 1674, aux côtés d’autres compositeurs, à la création d’un «semi-opéra» à partir de la pièce The Tempest de William Shakespeare; sa musique est l’une des premières – si ce n’est la première – à contenir des indications expressives du type «violent» (pour décrire la lutte des éléments naturels lors d’une tempête).